Improvisation France / Improvisation Blancs (Fr)

Cet article est une dénonciation publique liée à mon ex-communion récente d’Improvisation France (le plus groupe facebook français dédié à l’improvisation). C’est également une description du fonctionnement de la suprématie blanche qui mène à la sur-représentation des blancs en improvisation. Ce post est la version française de ce post. N’hésitez pas à le partager largement.

Si vous trouvez choquant que je vous dise que l’improvisation en France est blanche et tolère bien les discours racistes, lisez la partie Contexte, si ça vous paraît évident, vous pouvez la sauter.

Quelques mots à propos de moi

Je suis an improvisateurice françaix racisé (d’Afrique du nord). Je fait de l’impro depuis environ 15 ans en tant que joueureuse, formateurice, et organisateurice. Pour citer quelques unes de mes contributions au monde de l’impro: j’ai créé des troupes (META, Smoking Sofa), j’ai organisé une des première convention d’impro/festival pour parler de l’impro en France (le Carré de l’Impro), j’ai contribué au décollage d’Again! Production, j’ai tenu un des premier blog français sur l’improvisation, j’ai fait plusieurs tournées aux Etats-Unis avec les Parsian Gentlemen of Paris, j’ai été licencié par l’iTi pour le Gorilla Theatre (première licence française), j’ai écrit pour Status, j’ai travaillé avec le CTC, j’ai gagné des prix pour la direction de pièces écrites et improvisées, j’enseigne et je fais parti du pôle pédagogique de l’Improvidence Lyon (premier théâtre consacré à l’improvisation en France), et j’ai réalisé une séries de vidéos sur les cadres sécurisants en improvisation pour l’improv learning center.

Contexte

L’improvisation en France est très blanche. Je vous invite à jouer au jeu suivant: tapez « Affiche Impro » dans google, et comptez combien vous voyez de personnes racisées. Vous n’allez pas en trouver beaucoup. De plus, si on regarde ce qui se joue dans les deux institutions entièrement consacrée à l’improvisation en France : l’Improvidence (Lyon et Bordeaux) et l’improvibar, et qu’on y cherche des personnes racisées… elles sont pour le moins rares. Vous trouverez en revanche plus facilement des personnes blanches qui incarnent des personnes racisées (Voir la photo). N.B. : cet exemple cité n’est pas une illustration de l’échec moral de l’improvisateur. Il n’y a pas de camp avec d’un côté les vilains horribles racistes, et de l’autre des gens vertueux qui ne voient pas la couleur de peau. On est toustes racistes (si vous en doutez, faîtes vous tester). Cette affiche a été vue par du public, des programmateurs de théâtre, etc… et personne n’a dit « heu, peut-être que c’est une affiche qui pourrait nous faire perdre une partie du public ».

Ça ne veut pas pour autant dire que ces institutions font de la discrimination active. Malgré quelques exemples brillants d’improvisateurs et d’improvisatrices racisées, la plus part des improvisateurices en France sont plus blanc que le reste de la population Française. Les options de programmation sont donc limitées pour ces institutions, même si j’ai observé une volonté de la diversifier.

Affiche d’un spectacle solo joué par une personne blanche. L’imagerie rappelle celle du blackface, et suggère qu’une personne blanche va incarner des personnes racisées. Allez voir le P.S.2. à la fin de l’article.

Les statistiques ethniques sont interdites en France à cause du traumatisme de la collaboration du gouvernement Français à l’holocauste. Aujourd’hui, cette interdiction nous empêche d’analyser à quel point la discrimination existe. Cependant, l’INSEE a fait des études généalogiques du nombre de personnes dont l’un des grand parent est né en dehors de l’Europe, et donc donne une estimation des personnes racisées qui représente 15% de la population française métropolitaine. Dans les villes, et dans les populations jeunes qui sont souvent celles qu’on retrouve en impro, ça monte à 30 ou 40%. Pas besoin d’être statisticien à l’INSEE pour voir que ces chiffres ne sont absolument pas représentés dans l’improvisation, et qu’il y a donc des mécanismes (probablement non intentionnels) qui mènent à une forme de préférence ethnique blanche dans l’improvisation.

Du coup, pourquoi autant de blancs en improvisation? Eh bien, en plus d’être blanche, l’improvisation a une haute tolérance pour le racisme. Ça fait partie de la culture de l’improvisation de voir des improvisateurices incarner des personnes racisées pour un effet comique, comme illustré par cet article qui portrait une fausse interview de Michel Leeb (comédien connu pour faire des imitations racistes type blackface/yellowface). Plus récemment, la troupe Eux (probablement la troupe d’impro la plus connue en France), a créé un spectacle appelé « les racistes à l’aéroport » avec un teaser qui est un enchaînement de blagues racistes. Le spectacle n’a reçu aucune critique publique à ma connaissance, et a été programmé à des festivals (Paris, Toulouse, …).

Paye Ton Impro a fait un travail incroyable de dénonciation de la violence sexuelle, d’homophobie, de transphobie, et de sexisme, sur scène et hors scène. Etant donné le manque de personnes racisées, les témoignages liés au racisme sont rares, mais saisissants: ici, quelqu’un décrit un festival d’accent étranger racistes, et ici, quelqu’un décrit comment il a été discriminé par un joueur qui lui demandait d’aller cuisiner un plat stéréotypé pour le sortir de scène.

Autant que je sache, il n’y a pas de discussion sur le racisme et la diversité dans l’improvisation en France. Pourquoi cette absence complète de critique? Pourquoi les gens le tolèrent? Ben, devinez à quoi ressemble le public.

Public français d’un spectacle d’improvisation

Qu’est-ce qui s’est passé?

Comment me-suis je fait expulser du plus gros groupe Français dédié à l’improvisation?

Une connaissance racisée m’a contacté pour me dire qu’il y avait une discussion choquante sur le groupe. Je ne suis plus trop ce qu’il s’y passe, car j’ai passé la première moitié de ma vie à écouter l’opinion d’hommes blancs sur l’improvisation, et je suis maintenant interessæ par d’autres perspectives. Je vais donc sur le groupe, et je vois un message qui demande des ressources pour faire un atelier sur les accents. De là, voilà un petit résumé de ce qui s’est passé:

  • Je partage mon point de vue que je pense qu’il n’y a pas de problème pour que les blancs explorent la diversité de leurs accents, mais que c’est raciste d’imiter des personnes racisées comme ça s’inscrit dans une histoire et une tradition raciste, et j’ajoute des ressources (the problem with Apu, et des liens vers les minstrel shows et le blackface).
  • Sans surprise, Ian Parizot, le créateur et l’admin du groupe défend l’utilisation d’accents de personnes racisées par des blancs (il partage une anecdote d’une fois où il l’a fait, et partage une vidéo qu’il trouve acceptable où une personne fait en gros un spectacle blackface sans le maquillage). Sans surprise, car je connais Ian depuis longtemps, et je sais que cette position est cohérente avec ses positions politiques.
  • Je trouve ce propos raciste, et je lui partage.
  • Les administrateurs du groupe mettent en place un ralentissement des commentaires du post. Ian outrepasse ce ralentissement, ce qui lui permet de poster plus que les autres participant.e.s, et élève donc son point de vue. Je le dénonce publiquement, et aucun admin ne réagit.
  • Le ton des échanges se durcit alors que Ian utilise des procédés d’argumentation fallacieux (homme de paille et condamnation émotionnelle de la discrimination positive qui a clairement fait ses preuves aux états unis, et qui est déjà présente dans l’improvisation qui discrimine positivement les blancs). Je critique durement ses méthodes. Il critique durement mon ton (en précisant que c’est en tant que participant). C’est une tactique classique d’évitement qui s’appelle la police du ton (tone policing), qui englobe une série de tactique qui déplace le fond de la conversation sur la question du ton de la conversation, plutôt que sur le fond de la conversation. Elle implique souvent un malaise avec un ton énervé, ou une perception des descriptions (« blanc », « raciste ») comme des attaques, et non comme des descriptions. Ca mène à une situation où on ne peut jamais parler de racisme et en faire la critique.
  • J’écris un long post pour répondre à ses questions, et je fais descendre le ton.  Je clarifie quelques points : tant que le milieu de l’improvisation est majoritairement blanc (sur scène et dans le public) et que les personnes racisées en sont quasi absentes, il n’y aura aucun moyen pour les personnes blanches d’imiter des personnes racisées sans que ce soit raciste en s’inscrivant dans une tradition qui a servi à promouvoir la déshumanisation des personnes racisées, leur esclavage et leur colonisation. Peut-être qu’un jour si l’improvisation devient plus diverse, nous pourrons faire de l’humour les un·e·s à propos des autres depuis une position d’égalité. Cependant, tant que l’improvisation privilégie les blancs et exclue les personnes racisées, seule la perspective blanche est représentée et valorisée. Je réponds aussi sur la question du ton, comme j’utilise volontairement les mots « raciste » et « blanc ». J’explique qu’un des mécanismes de la domination blanche c’est le phénomène de la « fragilité blanche« , qui amène les personnes à prendre ces mots comme des insultes comme elles ne sont en général pas habituées à être confrontées à leur blanchité et aiment se penser non raciste (mais font rarement le travail d’être réellement anti-racistes et de promouvoir un environnement sécurisant pour les personnes racisées). Je fais aussi référence à ce type de réaction comme du « pearl clutching » (attraper son collier de perle) et j’explique comment cela amène les personnes blanches à se soustraire à la critique de leurs attitudes racistes et nous conduit la situation dans laquelle nous sommes : l’improvisation en France est complètement, disproportionnellement, blanche.
  • Ian, en tant qu’admin, décide unilatéralement de fermer le fil de discussion sans justification
  • Respectueux de cette fermeture, mais observant le déroulement exact des mécanismes que j’étais en train de décrire – Ian utilisant son pouvoir en tant qu’admin pour élever sa voix et me réduire au silence – je lui écris en message privé avec une petite histoire en 4 actes.

  • La première image est un GIF qui fait référence à attraper son collier de perle. L’image est une reprise du logo du groupe ou « Improvisation France » est remplacé par « Improvisation Blancs ». C’est (clairement ?) une référence à mon message précédent décrivant comment le milieu de l’improvisation devient plus blanc en s’offensant de la critique du racisme, et à sa décision de réduire au silence les voix des personnes racisées (une autre personne racisée dans la conversation, qui posait la question de pourquoi le groupe n’essayait pas d’être un espace sécurisant, a été invitée à stopper cette conversation, considérée comme hors sujet, et à contacter les admin en message privé).
  • J’ai ensuite reçu un message de la part des admin, envoyé par Maxime Lozach, représentant Ian Parizot et Kitty Cerise, me disant que j’étais banni du groupe pour avoir « manqué de respect à un admin ». Il n’y eu aucun avertissement, aucun essai de médiation, juste un bannissement permanent. Cela me rappela directement ce post vu sur internet qui dit : Parfois les gens utilisent le mot « respect » pour signifier « traiter comme un être humain » et parfois ils l’utilisent pour dire « traiter comme un autorité ». Et parfois, les gens qui ont l’habitude d’être traités comme une autorité disent « si tu ne me respectes pas, je ne te respectes pas », et ils veulent dire « si tu ne me traites pas comme une autorité, je ne te traite pas comme une personne », et ils pense qu’ils sont justes, mais ils ne le sont pas, et c’est pas ok.
  • En dépit de mes demandes répétées, Maxime ne parvint pas à expliquer en quoi mon message était «irrespectueux», et se justifia en le qualifiant « d’agressif ».
  • C’est… exactement le point que j’essayais de développer, une fois encore. 2 images et un cœur sont perçus comme « agressif » et « irrespectueux », et en même temps des personnes utilisent leur pouvoir pour exclure les voix des personnes racisées et réduire au silence la critique du racisme et de l’abus de pouvoir par les personnes blanches. De plus, Ian se sent agressés par être qualifié de blanc, mais défend toujours l’imitation des personnes racisées. Hypocrisie ? Certainement, d’autant plus quand on considère le déséquilibre du rapport de force (voir la vidéo à la fin).
  • En dépit d’une longue conversation avec Maxime qui relayais mon inquiétude sur leur gestion de la situation aux autres admins, il restèrent sur leur position, confiants. Ce qui nous amène à ce post.

Les admin se sont justifiés à postériori en disant que seul le sous-fil de discussion était fermé et qu’il l’était à cause du ton, mais rien de cela n’a été clairement communiqué par eux au moment des événements. Ils mélangent également ma critique de Ian en tant qu’administrateur et en tant que participant, ce qui était assez difficile à éviter comme il a clairement utilisé sa position de pouvoir pour promouvoir sa position en tant que participant. À ma connaissance ils n’ont réagi en rien à l’abus de pouvoir de l’admin ni engagé aucune action, malgré toute la mauvaise gestion que j’ai pu souligner.

Pour eux, il est approprié de choisir un bannissement permanent, sans aucun essai de médiation ni de considération de l’étendue des options de modération qu’offre Facebook.

Pour eux, une part importante de l’histoire est qu’ils ne revendiquent pas le groupe comme un safe space. Je sais. J’étais là quand Ian a essayé de monter la team admin.
Ayant une longue expérience en tant qu’admin d’un des plus gros groupes facebook du monde sur les safe space dans la danse (ce qui est un sujet qui mène à des débats houleux) et ayant eu à faire de la médiation et à gérer de nombreuses conversations liées à de l’oppression, je me rappelle faire deux recommandations : en premier lieu, n’essayez pas de vous revendiquer comme un self-space (je ne pense pas que cela soit possible, Ian étant créateur et admin, et j’avais la sensation que ça pouvait induire en erreur des participant·e·s pensant être dans un espace safe alors que clairement, non)
deuxièmement, n’établissez pas de règles à propos des insultes ou du ton, parce que les deux sont hautement politique (salope peut être utilisé comme une insulte ou comme un mot féministe, raciste peut être agressif ou simplement une description d’un comportement…) Ce qu’il faut réaliser, c’est que si votre groupe a des règles et des admin vous êtes toujours en train de faire un choix : vous êtes soit accueillant du racisme soit des personnes racisées. Vous êtes soit accueillant de l’homophobie/de la transphobie soit de la communauté LGBTQIA+. Au final, la question est qui décidez-vous de protéger?

Pourquoi je vous dit tout ça?

Je ne vous dis pas tout ça parce que je veux changer leur décision. Comme mentionné, je ne suis pas intéressé par le discours français sur l’improvisation tant qu’il n’est pas plus divers.

Je ne vous dis pas ça non plus parce que je veux susciter un sentiment de honte chez vous, lecteurice, ou chez les admins. Ça arrivera sans doute, mais c’est un effet secondaire de la réalisation de la réalité du racisme dans l’improvisation. Je ne vous dis pas cela depuis une position de supériorité. J’ai fait et dit des choses très racistes. J’ai eu suffisamment de chance que des personnes racisées m’en fassent la remarque et je me suis vraiment investi·e pour m’éduquer sur le sujet. Spécialement sur le tone policing, et sur le fait que quand quelqu’un vous exprime que vous avez fait/dit quelque chose de raciste, ce n’est pas une attaque. C’est l’opportunité pour vous d’agir de façon plus authentique à vos valeurs. Et quand la police du ton jette en prison les détracteurices, vous créez un espace sécurisant pour les gens privilégiés (et notamment pour les blancs).

Je vous dis tout cela parce que si vous êtes improvisateurice français.e, j’aimerais que vous réalisiez que vous évoluez dans une communauté qui est hostile au personnes racisées. Qui les réduit au silence activement et passivement, et les exclue. Si c’est inconfortable pour vous alors s’il vous plaît faites quelque chose. Commencez par dénoncer le racisme et vous éloigner de l’improvisation qui autorise ce type de discours.

Je vous dis tout cela parce que si votre institution valorise la diversité et travaille avec des personnes racisées, je vous demande de sérieusement considérer ce que cela implique de mettre un de ces administrateurs dans une position de pouvoir ( pour enseigner, être administrateur, coordinateur pour un festival etc…).
Je pense que la création d’un environnement inclusif pour les personnes racisées en improvisation demande de la réflexion sur soi et un usage responsable du pouvoir. Cela demande de l’ouverture à la critique. Cela nécessite la compréhension de la police du ton. Je pense que la série de choix qu’ont fait les admins montre un manque profond de toutes ces compétences et je vous décourage de les embaucher tant qu’ils ne se sont pas fortement éduqués sur le sujet. Après, si c’est pas un problème pour vous que tous les visages des personnes à l’entraînement et dans le public soit blanc, foncez, je sais / suis sûr·e que ce sont de très bons profs.

J’espère aussi que vous verrez les mécanismes de la domination blanche à l’oeuvre : les petits abus de pouvoir, l’inconfort avec la critique de l’autorité, la valorisation de la forme plutôt que de la justice raciale, la fragilité blanche… Tout cela menant à réduire au silence les voix des personnes racisées et à rendre le milieu de l’improvisation encore plus blanc. Les personnes blanches entendent parler du racisme et imaginent quelqu’un haïssant les personnes racisées en les insultant. Elles considèrent que tant que l’intention n’est pas raciste, pas de problèmes. Elles ne comprennent pas que c’est une série de petites actions et d’attitudes qui, sur le long terme, promeuvent les personnes blanches et écartent les personnes racisées. Déconstruire tout cela demande beaucoup d’éducation et d’engagement.

Si votre institution est blanche et que vous aimeriez changer cela: bravo! Laissez-moi vous le dire: c’est difficile! Vous luttez contre une ségrégation profonde et des barrières systémiques : l’accessibilité au niveau de la langue (quelles offres avez vous pour les personnes parlant mal/pas le français?), les différences de revenus (est-ce qu’il y a une manière pour les personnes qui font face à des discriminations dans l’accès à l’emploi et qui ont de faibles revenus d’assister à vos spectacles et cours ?), la ségrégation spatiale (où est-ce qu’ont lieu les cours et les spectacles ? Dans quel quartier ?) , et les attitudes et micro-agressions racistes (avez-vous un code de conduite ?). C’est difficile, mais vous pouvez prendre des mesures, pas à pas, que j’ai détaillé dans ma série sur les cadres sécurisants dans l’improvisation

Je vous dis tout cela aussi parce qu’actuellement, dans ma classe de débutant·e·s, il y a deux improvisateurices racisé·e·s, et ils ont joué une scène que je n’avais jamais vu aucun.e improvisateurice blanc jouer. La façon de jouer et le contenu m’ont donné la sensation de quelque chose de très éloigné de l’imagination des improvisateurices blancs. Je ne veux pas qu’ils évoluent dans la même communauté que celle dans laquelle j’ai évolué.

Le meilleur moment pour travailler sur la diversité dans l’improvisation c’était il y a 10 ans ; le deuxième meilleur, c’est maintenant.

Quelques petites choses qui iront bien avec ce déjà long article (mettez les sous titres):

Et quelques podcasts de kiffe ta race :
L’art peut-il être raciste ? – Kiffe ta race – Binge Audio
Race, le mot qui fâche – Kiffe ta race – Binge Audio
Combattre le racisme au théâtre : du pain sur les planches – Kiffe ta race – Binge Audio

P.S. : Cet article a été validé par deux personnes blanches et est ainsi libéré de tout biais possible (c’est du sarcasme)  

P.S.2. : J’ai été contacté par Antoine Rabault qui a lu mon article et soulignes quelques points: il n’a évidemment pas choisi de faire une référence au blackface volontairement, mais j’en étais déjà persuadé. Antoine vient de Trappes qui est un des rare lieu de l’improvisation théâtrale qui est effectivement divers, et les personnes sur l’affiche sont des potes à lui. Il précise que dans ce spectacle, il joue des situations sans caricaturer et laisse le public projeter. Pour moi, c’est le cas rare (unique?) où il peut y avoir une exploration sincère : lorsqu’on évolue dans un milieu divers et qu’on a une expertise multiculturelle, il devient alors possible de l’explorer avec intelligence, au contraire de l’impro qui est pratiquée par des gens qui viennent de milieu totalement homogènes et n’ont donc accès qu’à la caricature. Ca laisse cependant des questions complexes et nuancées dans ce cas spécifique : comment en tant qu’improvisateur blanc (dans un spectacle solo) engagé contre le racisme, on peut traiter la question des personnes racisées : est-ce qu’on évite tout court de les incarner? Est-ce qu’on les incarne en risquant la caricature? Antoine m’a proposé d’avoir un échange à ce sujet, et j’espère que le fruit de nos discussions donnera lieu à un prochain article.